Lundi dernier, j’ai atteint le top des tendances Twitter France avec un tweet à plus de 5 millions de vues. Et on a même parlé de mon tweet dans Touche pas à mon poste !
Ça faisait longtemps !
Je ne m’attendais pas à générer un tel nombre de réactions. J’avais conscience de prendre une position à contre-courant, mais il faut croire que mon tweet était ultra-sulfureux, vu la quantité d’insultes que j’ai reçues.
Quel était le tweet en question ? Le voici.
Visiblement, l’idée selon laquelle il est bon pour tout le monde qu’une société encourage la formation de couples et de familles solides est scandaleuse dans la France de 2023. On est mal.
Je ne suis pas surprise d’avoir été attaquée par tous les progressistes de Twitter. Ça, je m’y attendais.
Ce qui m’a surprise, c’est que des gens d’habitude en accord avec les idées que je défends, comme la réhabilitation de la monogamie ou l’équilibre dans les rapports hommes-femmes, ont trouvé que j’allais trop loin.
On m’a accusée (à tort) d’être une extrémiste rétrograde qui veut forcer des gens qui se détestent à cohabiter dans des mariages malheureux. Rien n’est plus faux.
J’ai donc décidé de m’expliquer et de vous exposer ma vision plus en détail, sans la contrainte des 280 caractères de Twitter. J’ai aussi une chose à dire pour ceux qui pensent qu’une « gamine de 23 ans » n’a pas son mot à dire sur le sujet.
Les réactions à mon tweet m’ont confirmé une intuition que j’ai depuis longtemps : en Occident, la vision du mariage des Français d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle de nos grands-parents. Et ça ne se limite pas aux gens de gauche ou aux féministes. Loin de là !
Le mariage est inséparable de la question de l’amour. Logique : on ne se marie pas avec quelqu’un qu’on déteste. D’autant plus qu’en Occident, les mariages arrangés sont finis depuis longtemps.
(Ce qui est évidemment une bonne nouvelle.)
Or, le mariage, c’est l’alchimie subtile entre la passion et la raison. Et si on surdose la passion, alors on finit par faire exploser la marmite.
Aujourd’hui, il y a justement un culte de la passion : l’amour c’est la motivation principale pour près de 79 % des Français¹. Au contraire, seulement 7 % des sondés considèrent que le désir de fonder une famille est un critère fondamental pour se marier². Et alors ?
Le problème n’est pas qu’on se marie par amour : c’est qu’on ne se marie que par amour.
Ce déséquilibre montre que le mariage est vu comme une continuation à l’infini de la passion des débuts. S’aimer comme à 17 ans, mais pour toujours.
C’est beau… sauf que ça n’existe pas !
La preuve, c’est qu’aujourd’hui, quasiment 1 mariage sur 2 finit en divorce³. Le risque est à son paroxysme quand on atteint le pic des 5 ans — c’est-à-dire, une fois que la passion a fait son temps.
L’amour-passion finit toujours par s’estomper. Est-ce que ça veut dire qu’il faut arrêter de se marier ou qu’il faut accepter le divorce de masse ? Ou encore qu’il faut forcer les gens à rester malheureux ensemble ? Sûrement pas. Il y a une autre option à explorer.
Je n’ai pas reçu que des insultes à la suite de mon tweet. J’ai aussi reçu des soutiens, comme celui de Pascal-Emmanuel Gobry (@pegobry sur Twitter), qui a évoqué les souvenirs de sa grand-mère. Son histoire est éminemment précieuse pour réapprendre ce que les générations actuelles ont oublié.
Je ne milite pas pour forcer des gens qui se haïssent à partager un toit. Dans les cas les plus graves, il serait inhumain de forcer les gens à partager la misère.
Je demande simplement qu’on repense au mariage pour éviter justement d’en arriver là.
Peut-être qu’avant de se marier, il faudrait se poser les bonnes questions, sur la fiabilité du couple, tant sur le plan économique, psychologique, affectif ou familial ? Après tout, le mariage n’est pas seulement l’union de 2 personnes. C’est surtout l’union de 2 familles.
Et peut-être que le divorce n’est pas la solution-miracle à un mariage qui traverse des difficultés.
Car il faut réfléchir à ce qu’implique le divorce.
On peut déjà dire 2 choses (encore merci encore à Pascal-Emmanuel pour les sources qui suivent) :
Sauf que les conséquences du divorce ne sont pas seulement individuelles : elles sont collectives.
La recherche semble indiquer que le divorce augmente au moins temporairement les chances pour un enfant de commettre des délits et des crimes⁶. Le divorce est également corrélé avec une augmentation de la dépression et des troubles bipolaires chez les adolescents dont les parents sont séparés⁷.
La question-clé, c’est celle-là : « Est-ce que le gain de bonheur personnel que j’obtiens en divorçant est supérieur à l’augmentation de malheur pour le reste de la famille (et de la société) ? »
La réponse semble être (bien souvent) non.
On m’a beaucoup reproché de donner mon avis sur la question du mariage alors que je ne suis moi-même pas mariée. C’est vrai… mais je ne crois pas que ça invalide mon propos.
C’est comme quand on reproche aux hommes de parler de l’avortement parce qu’ils n’ont pas d’utérus ou si on interdisait aux pauvres de parler d’économie sous prétexte qu’ils ne seraient pas capables de gagner de l’argent : c’est une technique pour faire taire l’opposition.
Je ne prétends pas détenir la science infuse et je ne suis pas là pour donner des leçons aux gens qui ont vécu des situations de couple difficile.
Mais je remarque simplement une chose : plus on facilite le divorce, moins les gens se marient, moins ils font d’enfants, plus les familles sont instables… et plus les gens sont malheureux.
Il est peut-être temps de changer de stratégie ?